not about angels (ft. Elio)

La nuit est tombée depuis longtemps, on dirait. La brune regarde par la fenêtre du couloir en fronçant les sourcils, et finit par jeter un coup d'œil à sa montre. Vingt-trois heures trente-six. Son service est censé être fini depuis vingt-et-une heures, mais il y a eu quelqu'un aux urgences, et ça a pris plus de temps que prévu. Un simple accident, un sportif qui a voulu pousser un peu trop, et qui a fini par le regretter. Une cheville foulée, et les ligaments en piteux état. Carrière compromise. Elle se sentait désolée pour le jeune homme, même une fois en dehors de la salle. Pour être infirmière, il faut savoir compatir, mais pas trop, sinon la douleur des autres peut devenir insupportable. Néanmoins, elle compatit pour les rêves brisés, les séquelles mentales qu'on garde de quelque chose. A l'hôpital, ils voient un peu de tout, mais ce n'est rien comparé à ce qu'elle a déjà pu avoir à Darfour. Au moins, ils ont déjà plus de matériel que là-bas, et ça fait une immense différence.

Pourquoi est-ce que Ness y pense ? Elle secoue sa tête. Elle y pense certainement car c'est le souvenir auquel elle pense le plus souvent. Elle se réveille avec le souvenir d'un sourire réconfortant, et s'endort avec l'impression d'avoir du sang sur ses mains, elle s'endort avec l'odeur de l'échec, encore pire qu'une cuisson ratée. Elle parcourt les couloirs, l'air ailleurs, beaucoup trop loin peut-être. Elle ne sait pas si quelqu'un lui parle. Peut-être bien ? Tout ce qui l'arrête en chemin, c'est quelqu'un qu'elle percute. Ou plutôt, quelqu'un qui a cherché  attirer son attention, sans succès. La brune relève la tête, confuse, et offre un sourire face au visage amical qu'elle aperçoit.

-Elio. Désolée, tu m'attendais ? J'étais... Prise dans mes pensées, je ne t'ai pas vu. Enfin, j'imagine que je n'ai pas réellement dû te faire mal, sourit-elle en riant doucement. Comment vas-tu ? Et ton fils ? qu'elle demande avec un réel intérêt.