Evénément n°1 : la fête du chocolat

Le chocolat coule

et s'écrase

Lorsque Levi avait entendu parlé de la journée spéciale Pâques qu’organisait la ville, il s’était directement imaginé amener son neveu là-bas. Fallait dire que le petit avait 5 ans, donc, une chasse aux œufs et des dégustations à moindre coût, ça tombait sous le sens. Il avait pas eu besoin de se mettre à genoux pour que sa sœur accepte. « S’il fait une crise de foie, c’est pas moi qui ramasserait son vomi, tu te débrouilles ». Qu’elle lui avait dit directement. Mieux vaut prévenir que guérir, comme on dit. Et elle savait bien que Levi était le genre de tonton à trop gâter. Elle savait pas à quel point, mais elle le savait tout de même.

La chasse aux œufs s’était bien déroulée, et Ted était ravi de pouvoir manger autant de gâteaux qu’il le voulait juste après ça. Enfin bon, avec son petit estomac, il alla pas plus loin que deux parts avant de commencer à comater dans les bras de son oncle. Fallait dire qu’il avait bien gambadé juste avant, alors il avait droit à un peu de repos, le champion. Levi, lui, face à ce festin, mangeait bien plus que deux simples parts de gâteaux. Il grignotait, plus qu’il ne le faisait déjà habituellement, et si jamais ça tournait mal, il desserrerait sa ceinture et sa gourmandise serait ni vue ni connue.

Et sa gourmandise, elle allait vite s’allier à de la maladresse. Ted à bras, Levi se leva de sa chaise pour aller vers une fontaine de chocolat. « Un petit dernier. » Qu’il se disait. « Avec un fruit. » Comme si ça allait rendre son goûter plus équilibré après tout le sucre qu’il venait de bouffer. Il attrapa une fraise, la passa sous le jet et, malheur. Son doigt, recouvert de chocolat après avoir mal calculé la distance, allait devenir son pire ennemi. Surpris par le liquide et la chaleur sur sa peau, il dégagea son doigt de la fontaine dans un geste brusque. Il en répandit alors un peu partout. Sur son neveu (et sa sœur allait le tuer d’avoir niqué sa belle chemise), sur lui-même, et surtout sur un pauvre inconnu qui n’avait rien demandé et se trouvait tout simplement trop proche de lui. « Oh merde. » Sa bouche était grande ouverte, et on pouvait lire la gêne qui se trahissait dans ses yeux. Peut-être que c’était vrai, peut-être que la gourmandise était un péché capital, et qu’il venait juste de se faire punir, de se faire foudroyer sur place. « Merde- mince. » Se reprit-il alors que son cerveau captait enfin ce qu’il se passait. Fallait vraiment qu’il évite les gros mots, même si Ted semblait encore endormi. « J’suis désolé, je… » Il savait même pas quoi balbutier comme excuse.

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Une fête... De village en plus ? Ce n'était pas vraiment son genre. Autrefois peut-être, mais le bougon musicien n'était pas connu pour sa bonne humeur et sa sociabilisation en ville. Il n'était d'ailleurs pas vraiment connus à rester cloitré chez lui. Enfin si, pour ses nombreuses bagarres dans des bars de la ville et un peu sa musique. Enfin, tout cela n'avait aucune importance au fond. Ce qui comptait, c'était que ces affiches, ses prospectus, il les avait tellement vu en ville qu'il avait fini par se décider à faire un tour. Après tout il faisait relativement beau, assez chaud et puis cela le ferait sortir de sa maison hantée. Lui ferait voir un peu de monde, le changerait un peu de ses mauvaises habitudes. Puis voilà si longtemps qu'il n'avait pas fait de vide-grenier. La vérité aurait été qu'i aurait été probable qu'il soit, lui aussi, derrière un stand s’il avait trouvé le courage de débarrasser sa vielle baraque. Mais non, cette baignoire en plein milieu de l'entrée, poser là, remplit de bric-à-brac faisait partie du décor. Enfin, qui sait, un jour peut-être, son esprit serait assez apaisé pour ranger tout cela.

Oskar avait opté pour une chemise bleue assez clair, tournait presque au gris, un jean simple d'un bleu classique. Des chaussures confortables aux pieds, rien de plus simple dans le fond. Il avait garé sa belle Jaguar dans une ruelle à l'abri, fait quelques pâtés de maison à pied et s'était retrouver au lieu dis de la fête. Il était encore assez tôt, trop pour que le monde affût, c'était certain. Mais assez tard déjà pour que quelques visages se trouvent dans son champ de vision. Oskar fouina quelques stands à sa portée. Il n'avait pas vraiment l'intention d'acheter. Il avait pris quelques liquidités sur lui au cas où. Après tout, une opportunité pouvait s'offrir à lui. Mais après quelques pas son ventre avait gargouillé. Il n'avait pas pris le temps de manger ce matin, comme souvent. Préférant venir tôt en plus, pour éviter trop de foules. Il remarqua au loin un stand de chocolat, une fontaine avec des fruits. Il s'y dirigea pour se laisser tenté. Il n'était pas si gourmand, mais pouvait, et même appréciait parfois de se laisser aller.

Sur son chemin vers le stand, Oskar bouscula une jeune femme. Il s'excusa rapidement sans vraiment lui prêter plus attention. Mais à peine arrivé au niveau du stand qu'un homme présent fit un geste brusque et du chocolat l'éclaboussa. Peu, mais assez pour quelques petites tâches sur sa chemise toute propre et une sur sa joue. Après un juron, sûrement, un réflexe, l'homme s'excusa. Oskar de bonne humeur, ou juste sociable aujourd'hui, plus que la plupart du temps, bien qu'un regard un peu dépité sur sa pauvre chemise. Répondu d'un soupir.

« Ah, bah, la journée commence bien. Enfin, ce n'est pas grave, ça partira au lavage. »

Relevant les yeux Oskar croisa le regard d'un homme assez charmant, il faut bien l'avouer. Qui semblait sincèrement désoler. L'ancien militaire se laissa aller à un visage jovial.

« Aller vous en fait pas, pour vous faire pardonner, offrez-moi donc une pâtisserie. »

Un sourire sur le visage, Oskar leva un doigt vers le tableau des quelques pâtisseries proposer à ce stand. La plupart étaient évidement en accords avec la fontaine de chocolat qui coulait toujours. Un rire léger, Oskar étai d'humeur aujourd'hui à être agréable.

« Qui sait, je serais peut-être aussi maladroit que vous. »